Saint Julien-Gaulène (Tarn)
Eglise Saint Nicolas de Gaulène
11 cloches
carillon manuel
Gaulène est un petit village du Ségala Tarnais au nord-est de la ville d’Albi, qui fait partie de la commune de Saint-Julien-Gaulène. Son église sous le vocable de Saint Nicolas, est dotée d’un ensemble campanaire, insolite en ce lieu modeste, que rien ne prédisposait à une telle présence. Cette munificence est due à un prêtre originaire d’un hameau voisin qui, aux alentours des années 1860 avait envisagé la construction d’une seconde église, mais, bien que la première pierre de ce nouveau sanctuaire ait été posée par l’Archevêque d’Albi, ce projet ne fut jamais mené à son terme en raison de la disparition en 1869 de ce bienfaiteur. Toutefois, il s’était fait livrer dès 1866 dix cloches par le fondeur LOUISON de Toulouse accordées sur la cloche existante de 1829. Les fonds recueillis pour la nouvelle église furent dilapidés par un indélicat et les cloches furent entreposées durant plusieurs années sur le terrain appelé « Bassin du Purgatoire ». Ce n’est qu’en 1876, après la reconstruction du clocher de l’église existante, que les cloches seront installées sur un beffroi de bois intérieur, et en 1888 la Fabrique mettra en place le « règlement de la sonnerie des cloches ». Ce petit ensemble campanaire de 11 cloches est peu à peu tombé dans l’oubli et personne n’en connaissait l’existence. Il faut attendre 1991 pour que la municipalité soucieuse de son maigre patrimoine ne s’avise de l’existence de ce carillon dont le recensement sera réalisé par l’Association « Vie du Carillon en Pays Tarnais ». Le carillonneur de Castres s’émeut de cet abandon, mais avec l’arrivée sur la commune d’une jeune dame pratiquant la musique en amateur qui accepte de s’occuper de ce petit instrument, le carillon est sauvé. Une Association locale se crée (C.A.P. St-Julien-Gaulène) qui avec des bénévoles va faire une première remise en marche de ces onze cloches alors desservies par un clavier des plus rustiques.
L’arrivée d’un nouveau clavier normalisé et de deux cloches offerts par le carillon de Castres va permettre de réaliser une installation plus rationnelle. Ainsi, ce petit ensemble campanaire, riche à présent de 13 cloches, renaît à la vie et ses mélodies s’envolent sur la campagne alentour. Toutefois, ce carillon présente une particularité unique due au talent du fondeur toulousain qui a installé dans ce clocher 10 cloches en volée tournante, de la plus grosse, 600 kg à la plus petite 25 kg. Il est vraisemblable que nous soyons ici en présence de la plus importante batterie de volées tournantes du sud de la France, et peut-être de toute la France. Il faut en effet aller dans le sud de l’Espagne pour trouver des ensembles équivalents ou plus importants. Malheureusement, l’état du beffroi en bois ne permet plus de faire tourner ces « Demoiselles de Louison » (-ainsi sont-elles nommées dans le pays-) qui demeurent immobiles et constituent le carillon.
Elles sont certes immobiles mais chantent néanmoins à l’aide du clavier installé sous la salle des cloches. Ici, point d’électrification, tout se fait à la main, même les rares sonneries liturgiques lors des mariages, baptêmes ou décès qui se font encore à la corde. Et lorsque la carillonneuse doit jouer le carillon, il faut monter sous les cloches pour accrocher le battant des deux plus grosses. A présent, ce carillon a retrouvé vie et chante régulièrement ou à l’occasion d’évènements se déroulant au village. On peut l’entendre tous les premiers dimanches du mois, de 14 heures à 15 h 30, et il est possible de monter au niveau du clavier pour admirer la dextérité de l’artiste qui se démène sur les grosses touches de bois.
Avec les carillons de Castres et de La Drèche, il constitue l’un des fleurons du patrimoine campanaire tarnais.