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Carillons de France
Carillons de France
12 septembre 2008

Tourcoing (Nord)

Eglise Saint-Christophe
61  cloches - 19.000 kg
carillon manuel - ritournelles automatiques

tourcoing1

En 1550, une grappe de cloches, appelées les " Joyeuses ", logeait dans un campanile à bulbe qui surmontait le transept de l'église primitive, en son milieu. On n'a jamais su qui les servait, d'où elles provenaient, ni ce qu'elles sont devenues. En revanche, dans un compte des archers de 1665, on peut lire : "Payé Loys Descamps, carillonneur et batteleur de cette ville, pour avoir battelé le jour de la Saint-Sébastien et de la Sainte-Trinité". Par ailleurs, nous savons que les saintiers lorrains Jean & Toussaint les Aubertins sont présents à Tourcoing, vraisemblablement en 1663, pour fondre quatre cloches comprenant le célèbre " bourdon du duc d'Havré ". L'église Saint-Christophe qui les contient accueillera son premier grand carillon comptant 20 cloches dont le fondeur reste inconnu, en 1701. Le 16 mars 1789, le bourdon de Saint-Christophe et la cloche de la maison commune, la bancloque "appellent les habitants de Tourcoing. Ils doivent signer, selon la loi, le cahier des doléances et élire vingt-quatre délégués qui nommeront les députés aux États-Généraux". Les cloches ouvrent du même coup le temps des malheurs qui va s'abattre sur elles : le pays réclame du bronze pour les canons et la monnaie. Les citoyens administrateurs du district de Lille exigent de la municipalité de Tourcoing qu'elle livre les cloches de la ci-devant église. Pour les conserver, les Tourquennois essaient de gagner du temps. Ils envoient au district les citoyens tourcoing2Desurmont, Houzet et André Derveaux afin d'obtenir un délai. Lille ne veut rien savoir. Tourcoing, sous peine d'être accusée de crime contre la nation, se voit forcée d'envoyer 8 cloches de son carillon. La municipalité réclame un reçu aux citoyens du district. Huit cloches ? Lille en demande davantage. La municipalité se voit contrainte de remettre, contre un reçu, 1.552 livres de cloches brisées que Tourcoing abandonne au district. Probablement ne sait-on plus très bien à Lille, devant tous ces morceaux de bronze, combien au juste il restait de cloches à Tourcoing... Les citoyens du district se doutent quand même que tout n'est pas là. Ils menacent. Le maire de Tourcoing va user de ruse. Il se gardera d'indisposer les Sans-Culottes qui peuvent envoyer les gens à la guillotine pour un rien. Il ne veut pas non plus céder à tous les caprices. Le maire taille sa plume et répond : "La municipalité ne peut satisfaire à votre demande, car les cordes étaient en si mauvais état qu'il a fallu se servir de celles des ci-devant couvents des Ursulines et des Récollets ; que les soldats et les chartriers les ont emportées ou brisées, enfin que celles qui restaient avaient été vendues pour être défilées et que le prix avait servi à payer une faible partie des journées nécessaires pour descendre tourcoing3et charger les cloches". On n'entendra plus parler de rien. Le carillon mutilé attendra longtemps des jours meilleurs. On fera appel à l'atelier lillois Corsin en 1818, mais les cloches sont fausses. Elles sont ensuite confiées au fondeur Cavilliers d'Amiens qui doit fondre et refondre à plusieurs reprises pour donner satisfaction aux élus tourquennois. S'ajoutent à cela des impératifs de restauration du beffroi porteur de l'ensemble campanaire, qui obligent à déposer les cloches... Plusieurs d'entre elles vont disparaître. Le coup de grâce est donné en 1890 lorsque le bourdon se fêle. Les frères Drouot de Douai fourniront un nouveau bourdon qui disparaîtra à son tour en 1917 avec toutes les cloches qui n'avaient pu être cachées, lors des réquisitions allemandes Après la seconde guerre mondiale, la flèche subit une nouvelle restauration qui s'achève en 1958. C'est alors qu'une équipe de tourquennois lance le projet de redoter l'église d'un carillon. Contre toute attente, le financement du projet est rendu possible par la ferveur des habitants pour leur clocher. Des industriels, des marchands, des bourgeois à l'aise et des femmes de ménage donneront leur part de bronze. Les " Amis de Tourcoing " passent commande en mai 1960 auprès d'Alfred Paccard d'un carillon de 48 cloches qui sera inauguré en 1961. Tourcoing renoue avec son passé campanaire, Jacques Lannoy succède à Alphonse Manche comme carillonneur et crée en 1971 l'École Française de Carillon, devenue aujourd'hui une classe du Conservatoire National de Région de Douai. En 1991, l'instrument est restauré. On regroupe toutes les cloches autrefois réparties sur deux étages. Le nouveau clavier du carillonneur se situe à l'aplomb des 5 bourdons qui peuvent être sonnés à la volée et du reste des cloches du carillon réparti sur 5 poutres porteuses et 3 niveaux. La cinquième cloche de volée (sol3, fondue par Drouot en 1891) n'est pas reliée au carillon et sonne l'angélus trois fois par jour. C'est aujourd'hui le carillon le plus lourd de la région Nord-Pas de Calais.

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