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Carillons de France
Carillons de France
4 novembre 2008

Paris

Beffroi de la mairie du 1er arrondissement
40 cloches
carillon électrique

Place du Louvre, faisant face de façon quelque peu incongrue à la colonnade de Perrault, s’élève le beffroi de la mairie du 1er arrondissement de Paris, improprement appelé de St Germain-l’Auxerrois. Ce beffroi néo-gothique, grossièrement inspiré par celui de l'hôtel de ville de Bruges, fut édifié en 1860 par Ballu pour combler le vide créé par la démolition de l'ancien cloître St Germain-l’Auxerrois entre l'église et la nouvelle mairie. Celle-ci étant construite par obsession maladive de la symétrie selon les mêmes proportions que l’église, mais dans un style composite au goût douteux, l'ensemble fut nommé " l’huilier " par Victor Hugo.

200px_Saint_Germain_l_AuxerroisLe beffroi, haut de 38 mètres, contient un carillon d'autant de cloches fabriquées en 1860 par Hildebrand, fondeur de Napoléon III. L'octave intermédiaire fut refondue par Paccard (Haute-Savoie) vers 1930 et l'octave aiguë en 2001 par cette même fonderie. On y rajouta alors 2 cloches aiguës portant à 40 leur nombre (Jean-François Legaret étant maire). L’idée de placer un carillon dans le beffroi de la place du Louvre vient du désir de conserver dans le quartier le souvenir du petit carillon automatique, mû par un mouvement d'horlogerie qui couronnait la pompe toute proche de la Samaritaine sur le Pont-Neuf, pompe démolie en 1813. L’horloger Colin construisit donc un mécanisme constitué d'un " tambour ", comme dans les boîtes à musique, pouvant programmer une demi-douzaine d'airs différents. Il eut également l'idée de fabriquer un clavier frappé à coups de poings, comme ceux des Flandres, mais en plus lourd car il s'évertua malheureusement à multiplier la tringlerie destinée à actionner les marteaux des cloches. Chaque cloche possédait ainsi pas moins de 3 marteaux sensés permettre de répéter le tintement de chacune d’entre elles... Ce prototype ne fonctionna jamais et il fallut attendre le centième anniversaire du beffroi en 1960 pour entendre sonner le carillon qui fut alors, hélas, électrifié. Cette électrification intempestive ne représente pas d'inconvénient pour les sonneries des heures mais s'avère catastrophique en ce qui concerne le jeu manuel au clavier : les marteaux sont en effet actionnés électriquement et commandés par les touches d'un simple clavier de piano, ces touches faisant en quelque sorte office de commutateurs. Aucune variation de nuance n'est donc possible. Depuis 2001, le carillon est doté d'un système informatique qui permet d'enregistrer un grand choix d'airs et de les programmer pour toute l'année aux jours et heures choisis.

Un peu d'histoire du protestantisme
En 1572, on décida de choisir pour signal du massacre des protestants la sonnerie des matines de la St Barthélémy, sonnerie exécutée d'ailleurs traditionnellement ce jour-là par toutes les églises de France... On ne sonna donc pas intentionnellement le tocsin à la seule église St Germain-l'Auxerrois comme on le croit trop souvent, encore moins à l'une des cloches du beffroi qui ne verra le jour que quelques 300 ans plus tard ! En revanche, on peut dire que la cloche appelée Marie, fondue en 1524 et sise dans la vraie tour de l'église (tour romane insérée dans l'édifice et visible de la rue des Prêtres-St-Germain-l'Auxerrois) a bel et bien sonné innocemment au petit matin d'un certain 24 août le début de la tuerie. Cette cloche existe et sonne toujours, elle donne un mi et pèse plus de 300 kg.

Un peu d'histoire de la musique
Rappelons que le carillon est un instrument civil apparu dans les Flandres au XIVe siècle avec l'édification des beffrois des hôtels de ville des municipalités libres. Un carillon est composé de cloches fixes (jusqu'à 70 et plus aujourd'hui) que viennent frapper des battants intérieurs ou des marteaux extérieurs mus par un système d'horlogerie ou un clavier manuel. Il servait à donner l'alarme, avertir des grandes manifestations mais aussi faire danser le peuple. Il sert encore aujourd'hui à sonner les heures, égayer la vile de ses ritournelles automatiques ou lui offrir des concerts donnés par les carillonneurs. L'apparition de carillons dans les tours des églises au XIXe siècle est une hérésie historique et musicale due à l'engouement quasi mégalomane pour la mode néo-gothique. L'instrument à destination exclusivement religieuse est la cloche mobile, tirée à l'origine à la corde, et dont le corps mis ainsi en mouvement (en "volée"), vient frapper le battant intérieur. D'une seule à quatre par clocher, les cloches de volées oscillent du nord au midi et de l'orient à l’occident, elles sont sensées manifester et concrétiser l'appel à la prière vers tous les points de la terre.

Le carillon aujourd'hui
"Succédant à Paul Nicolas, "j'anime" le carillon de la mairie du ler arrondissement depuis 1970. Je dis bien "animer", n'étant pas carillonneur mais pianiste et compositeur J'ai d'ailleurs débuté le piano à l’âge de 5 ans dans le quartier, rue du Pont-Neuf, avec Germaine Van Eyndhoven. Son père, tué en 1914, est inscrit sur le monument aux morts de l'église St Germain-l'Auxerrois. Le répertoire pour carillon se compose essentiellement de transcriptions des clavecinistes français du XVIIIè siècle, d'improvisations sur des airs populaires traditionnels et d’œuvres contemporaines écrites spécialement pour l'instrument, notamment par Maurice Ohana et Philippe Hersant. En souvenir du massacre de mes coreligionnaires dans ce même quartier et en Fonction de la proximité du temple de l'Oratoire, j'ai toujours tenu à émailler mes concerts de psaumes et cantiques huguenots. L'informatisation de l'instrument m'a permis en outre de programmer le choral de Luther. C'est un rempart que notre Dieu " chaque jour de la semaine à 20 heures (pour les vêpres romaines), ainsi que le dimanche à midi 45. Ce chant figure également à la fin du concert hebdomadaire du mercredi de 13 heures 30 à 14 heures. Il y est programmé les 2ème et 4ème mercredi de chaque mois. Le long de la rue de l'Amiral-de-Coligny, le massacre de la St Barthélémy est ainsi commémoré tout au long de l'année.

Renaud GAGNEUX, compositeur"

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Commentaires
S
En potassant les carillons, je suis arrivée chez vous avec bonheur... je regrette de ne pas avoir de "vrai"carillon dans mon coin d'Ile de France - Vexin-Mantois- et je vois que quelques uns sont à Paris!<br /> <br /> J'ai appris par une amie blogueuse Bretonne qu'il y a des carillons à roues en Bretagne; un peu mystérieux pour les notes et les mélodies... Merci pour tout ce travail si riche, bien cordialement
L
je vais passer cette info à Charlotte Gérard , jeune pasteur(e), d'Annecy , qui a découvert à Annecy depuis son arrivée , l'art du carillon . Cette découverte du carillon de Paris ,(1 er), avec l'hustoire du protestantisme Parisien, va l'intèresser et intèressera aussi les membres de l'ERF d'Annecy , ayant interêt pour l'histoire !
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